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Les belles histoires du golf universitaire de Poitiers
13 décembre 2019

La création du golf universitaire de Poitiers

             Les belles histoires du Golf Universitaire

                                 De    POITIERS

Et si la plus belle histoire du golf universitaire de Poitiers était celle de sa création ?

Cette histoire est à l’origine des belles histoires racontées, car rappelons que ce golf était à l’abandon et que sa renaissance n’a pas été facile.

Il est important de connaître également la PETITE histoire qui a fait la différence pour en arriver à la réouverture de ce parcours.

Un bref rappel historique pour les jeunes étudiants qui ne connaissent pas sa genèse.

Après la seconde guerre mondiale, l’armée américaine avait installé un hôpital et avait créé un parcours de golf de 9 trous.

Quand le Général de Gaulle a demandé dans les années soixante aux Américains de quitter leurs bases, ce golf a été abandonné. Le golf à l’époque était très peu pratiqué en France et seuls quelques Poitevins ont réussi à faire renaître ce parcours. L’hôpital américain était devenu un hôpital psychiatrique français, et l’administration propriétaire du terrain avait fourni deux jardiniers qui aidés par deux jardiniers municipaux entretenaient ce parcours.

C’est ainsi que j’avais découvert le golf en 1980, golf fréquenté par quelques mordus seulement.

Le Directeur du service des sports de l’Université, le regretté Agathon Lepève, m’avait encouragé à m’initier car il avait dans l’idée un jour de lancer le golf à l’Université. Cet homme visionnaire pensait que les étudiants pourraient un jour apprécier ce sport alors méconnu.

Très rapidement, alors que je débutais, j’ai eu l’idée de proposer aux dirigeants du club de Châlons (le nom du lieu-dit) la possibilité de permettre à quelques étudiants de s’initier. Ce sont à peine dix étudiants qui sont venus taper des balles au practice. Les débuts sont souvent difficiles.

En 1985, j’ai obtenu le brevet d’état de Pro de golf et devant l’afflux d’étudiants désireux de s’initier, je ne pouvais plus squatter le practice car entre temps le nombre de membres avait considérablement augmenté. C’était le début du « boom » du golf en France.

Je me suis ensuite replié dans un champ derrière l’IUT sur le campus, où pendant deux années, dans la boue hivernale, une centaine d’étudiants chaque semaine venait courageusement frapper des balles. Cela ne pouvait durer et l’idée m’est venue de créer un practice derrière le terrain de football de Montamisé avec l’accord enthousiaste de Monsieur Thomachot le Maire. Le Crédit Agricole avait même financé un green synthétique !!

200 étudiants chaque semaine venaient assister à mes cours et en 1989 le golf du Haut Poitou venant de s’ouvrir, j’avais négocié un tarif pour pouvoir le jeudi emmener les étudiants les plus mordus pour jouer sur le petit parcours.

Pendant ce temps le golf de Châlons, dont apparemment le sort était d’être abandonné de temps en temps, venait de fermer. Je ne m’étendrai pas sur les circonstances de cet abandon, mais est-il utile de dire que l’idée de récupérer ce golf pour l’université commençait à occuper mes rêves les plus fous.

Le golf était en friche, seuls les greens surélevés révélaient la présence de ce qui avait été un parcours. Des acacias poussaient dans les bunkers, montrant l’état d’abandon et la rapidité avec laquelle la nature reprend ses droits. Nullement découragé par l’ampleur de la tâche, j’entrepris de solliciter des rendez-vous avec les édiles locaux. L’université, le Conseil départemental et la Mairie subirent alors mes assauts. L’idée de remettre en état un golf pour le consacrer aux scolaires et aux étudiants ne suscita pas immédiatement un enthousiasme délirant !!! Le terrain appartenait encore à l’hôpital psychiatrique et par chance le Président du Conseil d’Administration dudit hôpital était Monsieur Jean-Yves Chamard également vice-président du Conseil Général. Je réussis à lui montrer dans quel état était le terrain et, surpris autant qu’outré, il accepta de m’écouter. Il n’était pas pensable que le Conseil Général puisse seul endosser les frais d’une remise en état. Je pris alors rendez-vous avec Monsieur Jacques Santrot, Maire de Poitiers, dans l’espoir de le convaincre de s’associer au Conseil Général pour voter une subvention. Une douche froide s’abattit alors sur moi car un changement du plan d’occupation des sols était à l’ordre du jour et le terrain de Châlons intéressait fortement des promoteurs !! Monsieur Santrot accepta alors de reconsidérer la question mais sans me promettre le succès.

Les choses traînèrent et je commençais à désespérer. C’est alors que la chance me sourit avec l’arrivée du nouveau préfet de région.  Monsieur Lucien Descoubès, alors Directeur Régional de la Jeunesse et des Sports, m’appela pour me confier une mission. Le nouveau Préfet désirait s’initier au golf discrètement, soucieux qu’il était de devenir membre d’un club mais en sachant déjà jouer ! Monsieur Coussirou, c’était son nom, devint très rapidement amoureux du golf.

Chaque samedi, puisqu’il voulait la discrétion, je l’initiais dans le fameux champ derrière l’IUT. Un jour qu’il s’étonnait de mes conditions de travail, j’eus l’idée de lui proposer une petite visite au golf abandonné de Châlons. Monsieur le Préfet lui dis-je, voici ce qui était un golf et je demande simplement une tondeuse pour en faire un terrain rustique qui comblerait mon rêve d’un golf scolaire et universitaire. La proximité géographique, le golf étant à 3 kilomètres du Campus et entouré d’établissements scolaires, en garantissait le succès.

Le temps passait et rien ne se produisait, mais le Préfet progressait et obtenait même son premier handicap à 24.

C’est maintenant que je peux révéler l’anecdote qui changea tout et qui débloqua la situation.

Nous recevons mon épouse et moi-même une invitation, à notre grande surprise, pour la cérémonie des vœux à la Préfecture. Evidemment dans cet aréopage, le ban et l’arrière ban des personnalités de la région étaient intimidants et quelques personnes se demandaient bien ce que nous faisions là !!

Et c’est là que, comme dans beaucoup d’affaires humaines, la petite histoire fabrique la grande. Monsieur Coussirou, la flute de champagne à la main, nous attira à l’écart et nous présenta à Monsieur Monory alors Ministre de l’éducation nationale, et que je connaissais pour avoir aidé à la création du golf de Loudun, ville dont il était le Maire. Il n’était pas seul, car excusez du peu, nous fûmes présentés à Monsieur Raffarin alors Président de la Région. Etaient présents bien entendu le Maire, Monsieur Santrot et Monsieur Chamard vice-président de Conseil Général de la Vienne.

C’est alors que je pris conscience combien Le Préfet était conquis par le golf, car il prit la parole en ces termes dont je me souviendrai toute ma vie : « Nous avons là Monsieur Roch qui est professeur à l’université, qui est Pro de golf et responsable des équipes de France universitaires, et qui demande une tondeuse que l’on n’est pas fichu de lui obtenir. Il a l’idée de créer un golf unique en France qui serait réservé aux scolaires et aux étudiants ». J’étais estomaqué, interloqué et la réaction de Monsieur Monory fusa « Allez Santrot et Chamard, faites rapidement une réunion et trouvez une tondeuse que diable, ce n’est pas la mer à boire » !!!

Quand Monsieur Monory parlait, lui que l’on surnommait affectueusement le Sherif, il était écouté !

Dans la semaine suivante, je fus invité à une réunion avec Messieurs Chamard et Santrot et là ils décidèrent de faire voter des subventions pour remettre en état ce parcours abandonné.  Il me restait à convaincre l’Université de participer elle aussi. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, ce n’était pas gagné. Les autorités universitaires n’étaient pas convaincues du bien-fondé de cette entreprise. Pour tout dire ils n’y croyaient pas. C’est ici que la PETITE histoire entre en jeu. Monsieur le Préfet était enthousiaste, mais il n’était pas le seul car j’avais une taupe au sein de la Présidence de l’université. Madame Danièle BARTHES , Vice-Présidente de l’université et Doyen de la Faculté de Pharmacie , était totalement partisane de ce golf universitaire et son travail de sape réussit à l’emporter. L’université participerait donc financièrement et les subventions seraient tripartites : Conseil Général-Municipalité et Université.  Danièle BARTHES sait combien nous lui devons et je me devais de souligner son « coup de pouce » décisif.

On demanda à l’agriculteur dont la ferme longe le trou numéro 6 de faucher les hautes herbes, puis la nature reprenant vite ses droits les fair-ways tondus redevinrent de belles allées. Et les greens me direz-vous ? J’avais eu l’idée de demander au Centre d’aide par le travail (l’ESSOR) qui jouxtait le golf de créer un département jardinage afin d’entretenir à moindre frais le golf. Un moniteur particulièrement motivé, Monsieur Elie Pasquet devint rapidement un excellent intendant de terrain et les travailleurs handicapés se mirent rapidement au travail. Les greens furent décapés en surface et l’herbe semée permit quelques mois après de jouer sur ces greens.

En octobre 1994, les joueurs de l’Equipe de France Universitaire de l’époque animèrent l’inauguration de ce Centre Golfique Des Châlons, nom qui fût donné à cette structure unique.

Je savais que les étudiants adhèreraient rapidement, mais je voulais également que les scolaires profitent de cette occasion exceptionnelle de découvrir le golf et ses valeurs.

L’idée alors me vint de proposer aux professeurs d’EPS des établissements proches du golf de venir à mes cours quotidiens avec les étudiants. Une quinzaine de mes collègues accepta, avec comme contrat : je vous enseigne le golf, vous pourrez jouer gratuitement, mais c’est donnant donnant et vous promettez de venir avec vos élèves dès que vous vous sentirez prêts. Des écoles primaires vinrent également avec comme encadrant un moniteur municipal que j’avais initié.

Le succès dépassa tout ce que je pouvais espérer puisqu’en totalisant chaque jour le nombre d’élèves nous avons chaque année vu passer 22 000 à 24 000 enfants et étudiants.

Chaque année la Fédération Française de Golf était heureuse de recevoir entre 360 et 400 licences de golf… ce qui ne l’a pas empêchée d’ignorer superbement cette structure unique. Aucune aide en matériel ne fût envoyée, pas le moindre fer7, pas la moindre balle de practice. Nous nous étions débrouillés et nous avons continué !!! Après sept années d’exercice, cette fédération s’est réveillée et a missionné deux entraîneurs nationaux pour voir enfin ce qui se passait dans le Poitou profond. A leur arrivée, surpris de voir ce beau parcours en parfait état, l’un d’eux a eu cette phrase magnifique : « Ah mais c’est un vrai parcours » !!! il ne m’a pas fallu une seconde pour rétorquer en lançant « parce que vous croyez que mes équipes championnes de France universitaire s’entraînent dans un champ de patates » !!!! Non mais….

Je dois ici rendre hommage au Président de la Ligue Poitou-Charentes Jack Genaudeau à la tête de cette ligue pendant huit années et qui avait compris le grand intérêt de soutenir une telle initiative. Il a montré tout au long de son mandat combien cela lui tenait à cœur en assistant aux championnats d’Académie et à plusieurs championnats de France universitaires. Sa présence fût appréciée par les étudiants qui se sentaient officiellement soutenus.

Les étudiants, environ 7 000, que j’ai eu le plaisir d’initier ou d’entraîner se souviennent de cette période de leurs études, d’autant que nous avions réussi à convaincre les autorités universitaires d’intégrer le sport, et donc le golf, dans le cursus sous forme d’unités de valeur ou de points de bonification.

La Faculté des Sciences du Sport pour son département Management du Sport a su saisir l’occasion d’intégrer cette activité dans son cursus. Des centaines d’étudiants de cette filière ont depuis plusieurs années eu la chance d’apprendre à jouer au golf. Les responsables de cette formation, Jean-Louis Ribot Luc Champsavoir et actuellement Hervé Haristouy, utilisent le golf également pour préparer les étudiants à leurs études de futurs gestionnaires. Nombreux sont ceux qui depuis ont trouvé professionnellement des débouchés dans ce milieu.

Nous avions tenu également à ne pas faire de différence entre le golf et les autres sports proposés en gardant le même tarif si peu dispendieux de 15 euros à l’année !!! Le matériel, les balles, le prof étaient fournis pour ce prix !!!

Le statut et le nom du Centre Golfique Des Châlons ont changé. Ce parcours maintenant ouvert sous certaines conditions au public est devenu le Golf de Poitiers-Châlons.

Du temps du Centre Golfique Des Châlons, de 1994 à 2009, les étudiants bénéficiaient de la gratuité totale pour s’entraîner et pour jouer. Le samedi et le dimanche, j’avais organisé un tour de garde effectué par roulement par les étudiants afin d’éradiquer le golf sauvage et pour accueillir leurs camarades. Inutile de préciser que tous ceux qui en quelques années sont devenus d’excellents joueurs avec des index négatifs n’auraient pas pu sans la gratuité réaliser de telles progressions.

Il est regrettable que maintenant les étudiants qui veulent jouer en dehors des cours soient dans l’obligation de payer une cotisation annuelle de 90 euros ou de s’acquitter d’un droit de jeu à la journée de 20 euros. Le seau de practice est également payant. Les étudiants qui tapaient des balles plusieurs fois par semaine gratuitement et qui sont devenus d’excellents joueurs n’auraient jamais pu le faire s’il leur avait fallu payer. Les 400 licences fédérales annuelles étaient le fruit de cette gratuité. Ce nombre a drastiquement chuté depuis la suppression de celle-ci.

Tout laisse à penser que les quatre titres de Champions de France par équipes, les six places de vice-champions, les trois victoires lors de la Coupe d’Europe des villes universitaires et les nombreux podiums individuels n’eussent pas été possibles sans cette possibilité de pratique gratuite.

Autre temps, autres mœurs et la philosophie originelle n’est plus.

Un dernier chiffre, sachez tout de même que douze de mes anciens étudiants sont maintenant Pros de golf et qu’un grand pourcentage d’entre eux jouent toujours au golf. Grâce à Facebook, je peux suivre la carrière golfique de la plupart d’entre eux.

Une autre satisfaction réside dans le fait qu’un de mes anciens élèves qui a découvert le golf à la Fac, Hervé HARISTOUY devenu professeur d’EPS et récemment Pro de golf, a pris ma suite à Châlons et également avec l’Equipe de France universitaire. Ainsi la boucle est bouclée.

Voici la petite histoire de ce golf avec quelques révélations que j’avais gardées frileusement.

Dans toute aventure, il y a une histoire et faire table rase du passé n’a jamais servi une cause.

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Commentaires
B
bjr , le bonheur bon we...
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